Il n’aura pas fallu longtemps pour trouver une autre utilité à ces retenues d’eau artificielles. Initialement prévues pour fournir de l’eau aux agriculteurs durant les périodes de sécheresse, ces mega-bassines commencent à être convoitées par les organisateurs d’événements sportifs.
C’est le club de natation de Tain-Tournon qui sautera le pas le premier pour l’organisation d’une manche de coupe de France de natation en eau libre qui est prévue fin juin. Habituellement ce type de compétition se déroule sur des lacs naturels ou plans d’eau artificiels mais la baisse des niveaux de ces bassins met en péril le bon déroulement de ces événements.
C’est donc tout naturellement que les organisateurs ont cherché des solutions et se sont tournés vers ces nouveaux gros réservoirs d’eau à l’air libre qui pullulent dans toutes les régions de France.
La construction de ces bassines est une aubaine pour les clubs d’activités aquatiques. Le nombre de lieux de pratique ne fait que décroître depuis plusieurs années, la courbe s’inverse enfin ! En plus on ne sent pas la vase en sortant de l’eau.
Lucas Chaleau, Président du club de natation
En effet, c’est près de 1000 bassins qui ont été construits l’année dernière ou qui sont en cours de construction dans la France entière. De quoi ravir les nageurs des 4 coins du pays.
Cependant l’organisation d’un événement sportif dans ces lieux n’est pas sans inconvénients. Premièrement, la qualité de l’eau est primordiale pour obtenir les autorisations de la préfecture.
La forte teneur en pesticides de ces bassins nous oblige à imposer des mesures drastiques aux sportifs. Par exemple, chaque nageur doit être équipé de textiles spécialement conçus pour résister à ces produits chimiques. Le risque est une altération de la pilosité des zones exposées. Également, un protocole stricte est appliqué en cas de « buvage de tasse » entrainant une perte de temps de plusieurs minutes.
Inès Padon, Responsable technique de la fédération de natation
Deuxièmement, les agriculteurs gardent la priorité sur la réserve d’eau. Cela signifie que les pompages peuvent se déclencher n’importe quand, même pendant une compétition. Les nageurs qui passeront près des pompes à ce moment-là auront intérêt à augmenter le rythme sous peine de se retrouver projeter dans un champ de maïs.
Malgré cela, les compétitions sur ces plans d’eau devraient se multiplier ces prochains mois car plusieurs fédérations étudient comment adapter leur discipline à cet environnement. Les amateurs de triathlon, aviron, ski nautique, canoë/kayak et même plongée sous-marine pourront prochainement pouvoir assouvir leur passion même en pleine période de sécheresse estivale.
Les ministères de l’Agriculture et des Sports ont d’ailleurs déjà entamé un rapprochement pour lancer une grande campagne de communication en faveur de ces projets afin de rallier les sportifs à la cause des agriculteurs en vue des JO. Des spots publicitaires vont être diffusés sous peu avec le slogan principal : « En tracteur ou en palmes, les méga-bassines c’est clean ! »
Et pourquoi pas la finale du 100m nage libre de Paris 2024 dans une méga-bassine ?